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L’Express

Castro, Chavez, Maduro… Comment les leaders socialo-latinos ont ruiné leurs pays

Le président vénézuélien Nicolas Maduro, le président cubain Raul Castro et le président bolivien Evo Morales participent à une marche aux flambeaux, le 28 janvier 2014, pour célébrer le 161e anniversaire de la naissance du héros national cubain José Marti.




La capacité de Jean-Luc Mélenchon et de sa clique à se tromper, intellectuellement et moralement, absolument et systématiquement sur tout, pourrait susciter une forme d’admiration ironique. Mais on aurait tort de s’arrêter à cette constatation moqueuse. Car si les insoumis, de l’économie à la géopolitique en passant par les Jeux olympiques, ont toujours tort, ils ont souvent politiquement raison.En témoignent leur ascendant sur le reste de la gauche (le PS étant totalement sous influence et incapable de produire une seule idée à lui), les remarquables scores de leur Duce aux élections présidentielles et la réélection dès le premier tour des récentes élections législatives de plusieurs de leurs députés, y compris les plus vulgaires, y compris ceux qui alimentent l’antisémitisme dans notre pays par un antisionisme passionnel. Les insoumis sont un danger pour notre pays. Il convient donc de leur répondre sérieusement.Mélenchon admire ChavezLes événements actuels au Venezuela méritent particulièrement notre attention car ils montrent ce que pourrait devenir un pays pris dans la nasse des insoumis. Remarquons préalablement qu’il n’y a rien d’exagéré à comparer un Venezuela chaviste avec une France mélenchoniste dans la mesure où Mélenchon a lui-même assumé cette comparaison par le passé. Depuis une dizaine d’années, plusieurs sources ont souligné l’admiration du Français pour Chavez : à la fois pour sa politique (réforme constitutionnelle, nationalisations, subventions à la consommation, contrôle des prix, anti-capitalisme, diplomatie antioccidentale) et pour son style viril, hostile aux médias, colérique envers une opposition qualifiée d’extrême droite et de fasciste). Maduro, qui tire sur son peuple pour rester au pouvoir alors qu’il a très largement perdu les élections, a bénéficié du même traitement de faveur, Mélenchon comparant devant Jean-Jacques Bourdin il y a quelques années les manifestants de l’opposition vénézuélienne aux manifestants français opposés à la loi El Khomri…Mais regardons les choses comme elles sont. Où la politique Chavez-Maduro a-t-elle mené le Venezuela ? A la misère sociale et au chaos sécuritaire, les deux phénomènes s’entretenant mutuellement. Qu’on en juge. Depuis l’élection de Chavez en décembre 1998, le PIB par habitant a été divisé par 3,5, l’espérance de vie à la naissance a reculé de 2,5 années. En 2017, l’inflation a frôlé 6 000 % avait de revenir à moins de 200 %. A peu près les trois quarts de la population ne couvrent pas ses dépenses alimentaires par ses revenus.Dans ce pays longuement démocratique et incroyablement riche en matières premières (pétrole, gaz, or, fer, nickel, diamants…), l’électricité, l’eau, la sécurité sociale et les écoles ne fonctionnent que par intermittence. L’économie ne s’est jamais diversifiée. La corruption atteint des niveaux inimaginables. L’insécurité rend la vie impossible. 7 millions de Vénézuéliens au moins – sur une population de désormais 28 millions d’habitants – ont quitté cet enfer, pour se diriger notamment et de plus en plus vers les Etats-Unis honnis. 2 millions de Vénézuéliens ont dû se déplacer à l’intérieur du pays pour tenter de retrouver une activité lucrative et des services publics qui fonctionnent au moins un peu. Ceux qui ne peuvent pas s’échapper recherchent l’endroit le moins invivable à l’intérieur de la prison.Ce ne sont pas les sanctions américaines qui expliquent ce désastre. Ces sanctions étaient en effet très ciblées jusqu’à l’année 2017, quand Donald Trump les a brutalement étendues. Mais elles n’ont fait qu’aggraver une situation déjà critique. Quant à l’indice des libertés publiques, d’après l’ONU, il n’a jamais été aussi bas. Loi contre la haine, loi contre la trahison, loi contre la patrie : c’est tout un arsenal juridique qui a été mis en place pour criminaliser la pensée non-mélenchoniste, pardon, non-chaviste, arsenal dont l’application est notamment sous-traitée à des spécialistes cubains, autre pays socialiste ayant développé une compétence particulière dans la répression contre les démocrates.Une oligarchie chavisteIl reste néanmoins quelques heureux au Venezuela. Ce sont les oligarques chavistes qui, dans le pétrole ou le gaz, s’enrichissent sans trop de problèmes sur les exportations de leurs entreprises ultra-protégées par le pouvoir. Les chavistes riches sont restés. Les non-chavistes aisés sont partis. Qui sont ceux qui ont été pris au piège ? Les pauvres. Eh oui, la politique à la Chavez-Mélenchon frappe avant tout les plus faibles. Avec ces gens-là, les plus forts n’ont pas tant à craindre que ça.L’attention du moment se porte sur le Venezuela en raison des protestations anti-Maduro qui secouent le pays, mais d’autres nations latino-américaines méritent notre attention dans la mesure où Jean-Luc Mélenchon leur voue une fascination en symétrie de sa détestation de l’Occident en général et des Etats-Unis en particulier, cet anti-occidentalisme constituant un cliché par ailleurs éculé de la gauche révolutionnaire dont la pensée, de ce point de vue, a commencé à se fossiliser à partir des années 1960. Aussi, Mélenchon n’a jamais répudié le Cuba de Fidel Castro et a plusieurs fois défendu la Bolivie de Morales, notamment quand ce dernier a voulu, sans succès, se maintenir au pouvoir (c’était en 2009). Aussi, il est intéressant de regarder les performances sociales de ces pays en leur adjoignant le Nicaragua de Daniel Ortega (ah, le romantisme sandiniste !) pour pouvoir porter un regard général sur le fantasme socialiste latino.Castro, Chavez, Ortega, Morales ont tous eu pour ambition de mettre leur idéologie socialiste au service de la justice sociale et de l’égalité. Chacun d’entre eux a justifié les nationalisations, le contrôle des prix, la planification et les programmes sociaux par la volonté d’augmenter durablement les salaires, de réduire les inégalités et, selon la terminologie marxiste, de conférer aux peuples davantage de “droits réels” au détriment des “droits formels”. Autrement dit, la répression policière était justifiée si cela permet de lutter contre les injustices du capitalisme. Et, de fait, les castristes et les sandinistes étaient devenus des spécialistes de la répression arbitraire, ce que leurs héritiers Chavez et Maduro n’ont pas oublié. Alors, qu’en a-t-il été ? L’Indice de développement humain (IDH) calculé par le Pnud (le Programme des Nations unies pour le développement) nous fournit à ce titre d’utiles indications. Cet indice synthétise des données sur l’économie, l’éducation, la santé publique, les inégalités et le respect des droits humains. Ces quatre dirigeants ont gouverné leur pays respectif à des époques différentes mais suffisamment longtemps pour laisser des empreintes durables.Fidel Castro a dirigé Cuba pendant quasiment cinquante ans, jusqu’en 2008, avant que son frère Raul lui succède. Le pays est toujours dirigé par un communiste (Miguel Diaz-Canel). Hugo Chavez a présidé le Venezuela de 1999 à 2013 avant, malade, de céder la place à Nicolas Maduro. Daniel Ortega a été élu pour la première fois président du Nicaragua en 1985 et, après plusieurs interruptions, il dirige toujours le pays. Evo Morales enfin, a été le président de la Bolivie de 2006 à 2019. Autant dire que chacun de ces leaders a largement eu la possibilité d’infléchir la trajectoire économique et sociale de son pays. Entre 2000 et 2022, l’IDH a légèrement augmenté dans ces pays, mais nettement moins que l’IDH mondial. Autre façon de dire les choses : chacun de ces pays a vu son classement en termes d’IDH se dégrader depuis 2000. Entre cette date et aujourd’hui, Cuba est passé de la 69e à la 83e place, la Bolivie de la 102e à la 118e, le Nicaragua de la 119e à la 126e. Celle du Venezuela a littéralement chuté, de la 75e à la 120e. La rigueur amène à souligner que tous les pays latino-américains ont vu leur position se dégrader, y compris le plus libéral d’entre eux, le Chili, qui reste néanmoins, et de loin, le pays le plus développé et le plus démocratique de la zone. Mais les pays socialistes sous-performent particulièrement.L’argument de l’embargo américain peu convaincantDes indicateurs économiques plus frustes que l’IDH vont dans le même sens. D’après les données du FMI, le PIB par habitant corrigé des prix a augmenté entre 2000 et 2023 de 57 % en Bolivie, de 56 % au Nicaragua mais de 113 % dans l’Amérique latine prise dans son ensemble. Il a chuté de 59 % en Venezuela. Autrement dit, au mieux, les politiques socialistes permettent en Amérique latine de faire progresser les revenus deux fois moins vite que ceux de la zone dans son ensemble. Quel succès ! Cuba n’étant pas membre du FMI, des statistiques similaires et comparables ne sont pas disponibles. L’ensemble des instituts qui étudient néanmoins le pays pointent une situation macroéconomique catastrophique, la détente des relations diplomatiques et économiques sous Barack Obama n’ayant pas été durable. L’économie de Cuba est très liée à celle du Venezuela, ce qui explique une partie de ses difficultés.Quant à l’argument de l’embargo américain, il n’est guère convaincant. N’y a-t-il pas au cœur de la doctrine nationaliste du socialisme révolutionnaire l’idée de l’autosuffisance ? Alors quoi, finalement les produits américains et occidentaux seraient utiles aux économies latines ? Il est en outre symptomatique que l’administration américaine signale depuis une dizaine d’années une forte augmentation des entrées ou des tentatives d’entrées illégales aux Etats-Unis d’immigrés en provenance du Venezuela bien sûr, mais aussi de Cuba et du Nicaragua, en raison du manque d’opportunités économiques dans ces pays et de la répression politique. Voilà une question à poser à Mélenchon et ses sbires : pourquoi diable les pays qui pratiquent les politiques proposées par les insoumis font-ils face à une émigration inédite vers des pays libéraux ? Les migrations ne mentent pas. Les humains se déplacent dans les pays où ils considèrent qu’ils vivront mieux. L’avènement au pouvoir du nationalisme et du socialisme révolutionnaire est le plus grand malheur qui peut frapper la vie d’une nation. Le soutien des insoumis aux dictateurs sud-américains montre ce que les insoumis voudraient faire de la France : un pays ruiné, une prison pour les pauvres, une dictature brutale. Ne le laissons jamais faire ça car les pays qui subissent ces politiques ne s’en sont toujours pas remis.



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Author : Nicolas Bouzou

Publish date : 2024-08-21 09:55:59

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