Il voulait obtenir un “deal” au plus vite. Les méthodes de Steven Witkoff, conseiller spécial de Donald Trump au Moyen-Orient, s’inscrivent dans la continuité du rapport de force permanent mis en avant sur la scène internationale ces dernières semaines par le président américain élu. En déplacement au Qatar en fin de semaine dernière, le négociateur n’a pas hésité à opter pour une stratégie inhabituelle afin d’échanger avec le pouvoir israélien, comme le rapportent plusieurs médias du pays, dont le quotidien Haaretz, ce jeudi 16 janvier.Vendredi 10 janvier, alors que les célébrations de shabbat débutaient, Steven Steven Witkoff a fait fi de cette fête traditionnelle juive et pris son téléphone pour joindre les équipes du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Sa demande ? L’organisation d’une rencontre au plus vite avec le responsable, durant la journée du lendemain, c’est-à-dire un samedi, un jour ordinairement chômé selon la religion juive. Impossible donc de planifier quelque rendez-vous sur ce créneau, lui répond alors son interlocuteur, car le shabbat se poursuit jusqu’au soir. Une rencontre sera possible uniquement à partir de cette heure-là, précise-t-il donc à Witkoff.Requête baroqueLa réaction de l’émissaire américain fut pour le moins inhabituelle. Selon Haaretz, Steven Witkoff aurait donc rétorqué de façon véhémente que le shabbat “ne l’intéressait pas” et aurait donc poussé pour que cette rencontre se tienne malgré tout. D’après un officiel israélien interrogé par la chaîne israélienne Channel 14 et cité par The Guardian, la tenue de cet échange au plus vite résultait d’une volonté du président élu américain lui-même. “Ce qui arriva, c’est que Witkoff a délivré un strict message du président Trump, qui a demandé sans équivoque la conclusion d’un accord”, a ainsi expliqué cette source.Benyamin Netanyahou a donc finalement cédé à la requête baroque du conseiller spécial et l’a rencontré à Jérusalem samedi matin. Un rendez-vous décrit comme “tendu” par les médias israéliens. Celui-ci a accéléré la mise en place d’un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, finalement annoncé mardi 15 janvier… et déjà fragilisé ces dernières heures. “Durant cette réunion, Witkoff a pressé Netanyahou d’accepter plusieurs compromis clés nécessaires à la signature d’un accord”, ont souligné deux sources arabes proches du dossier au Times of Israël.”Agressivité inhabituelle”La façon de procéder de Steven Witkoff a en tout cas surpris les responsables israéliens. Proche de Donald Trump, cet homme d’affaires multimillionnaire s’est largement impliqué dans la campagne du républicain. Avant même l’investiture de son allié à la Maison-Blanche, il a multiplié ces derniers jours les rendez-vous avec différents dirigeants au Proche et Moyen-Orient pour faire avancer la possibilité d’un accord entre les belligérants dans la bande de Gaza.La stratégie choc de l’envoyé spécial a peut-être donné un nouvel aperçu de ce qui attend les diplomates du monde entier dans les prochaines années. “Witkoff n’est pas un diplomate. Il ne parle pas comme un diplomate, il n’est pas intéressé par les codes et les protocoles diplomatiques. […] C’est un businessman qui souhaite obtenir un accord rapidement et qui avance avec une agressivité inhabituelle”, a décrypté un diplomate israélien, sous couvert de l’anonymat, au journal Haaretz.Donald Trump, de son côté, s’est une nouvelle fois réjoui de l’action de Steve Witkoff. Dans un message publié mercredi après l’annonce d’un accord de cessez-le-feu sur son réseau Truth Social, le milliardaire a salué un compromis “épique”, qui “résulte” selon lui de la “victoire historique” de son camp lors de la dernière élection présidentielle américaine, début novembre.
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Publish date : 2025-01-16 15:44:00
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Trêve à Gaza : la stratégie choc de l’envoyé spécial de Donald Trump durant le shabbat
