“Je gouvernerai selon une devise simple : promesses faites, promesses tenues.” Devant ses partisans venus se rassembler en Floride pour célébrer sa victoire, Donald Trump donne le ton. Dès janvier prochain, celui qui vient d’être élu 47e président des Etats-Unis entend bien appliquer l’ensemble des mesures au sommaire de son programme. Une obstination préoccupante pour les Etats démocrates, qui peinent à digérer la défaite de leur candidate Kamala Harris.Dans l’Etat de Californie, de l’Illinois, de Washington ou de New York, une seule ligne de conduite : se préparer à une bataille judiciaire. Alors que le républicain savoure sa large victoire dans la course à la Maison-Blanche, les démocrates se mobilisent pour contrer la mise en place de futures politiques nationales. Entre autres, les mesures d’expulsions massives d’immigrés clandestins, le désengagement des énergies renouvelables au profit du secteur pétrolier et l’interdiction de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) sont redoutés. Puisqu’en cas de majorité républicaine au Sénat et à la Chambre des représentants, Donald Trump pourrait avoir les mains libres.La Californie, cœur battant de la résistanceEn première ligne de ce combat : la Californie, un Etat qui s’était imposé en tant que chef de file de l’opposition lors du premier mandat du républicain. Et après la réélection du magnat de l’immobilier ce mercredi 6 novembre, le “Golden State” compte bien reprendre le combat. “Les libertés qui nous sont chères en Californie sont attaquées et nous ne resterons pas inactifs”, a déclaré le gouverneur de l’Etat Gavin Newsom jeudi, appelant les législateurs à tenir une session parlementaire extraordinaire le 2 décembre prochain pour “sauvegarder les valeurs et les droits fondamentaux de la Californie face à l’arrivée de l’administration Trump”.Pour y parvenir, le procureur général de l’Etat, Rob Bonta, a affirmé s’être préparé avec son équipe depuis plus de deux ans à une série de contestations judiciaires. Entre autres, depuis la tristement célèbre décision de la Cour suprême d’annuler l’arrêt Roe vs Wade, ouvrant la voie à l’interdiction de l’IVG. “S’il entre en fonction et respecte la loi, nous ne ferons rien. Mais s’il viole la loi, comme il l’a dit, comme le “Projet 2025″ le dit, alors nous sommes prêts. Nous sommes allés dans le détail, jusqu’à réfléchir au tribunal devant lequel nous déposerons notre plainte”, a-t-il expliqué dans un discours. Un combat partagé par la maire de Los Angeles, Karen Bass : “Peu importe où vous êtes né, comment vous êtes arrivé dans ce pays, […] Los Angeles sera à vos côtés. L’heure n’est pas au désespoir mais à l’action. […] Nous sommes prêts”, a-t-elle affirmé dans un communiqué publié mercredi.Si le “Golden State” est aussi impliqué, c’est que celui-ci a plus à perdre avec l’administration Trump que la plupart des autres Etats. Le programme du futur président en matière d’environnement pourrait à lui seul menacer les politiques climatiques californiennes, qui depuis des décennies contribuent à donner le ton au reste du monde. Au cours de son premier mandat, Donald Trump s’était rangé du côté de l’industrie agroalimentaire lors de l’éternel bras de fer sur la gestion de l’eau dans l’Etat. Celui-ci avait d’ailleurs laissé entendre que dans le cas de sa réélection, il supprimerait l’aide fédérale contre les incendies de forêt si la Californie ne fournissait pas davantage d’eau aux agriculteurs. Parmi les principales préoccupations des dirigeants de l’Etat figurent également la remise en cause des protections accordées aux résidents transgenres ou immigrés, ainsi que l’annulation de lois californiennes sur les armes à feu ou sur le droit à l’avortement et à la contraception.Quatre contre tousEn tant que véritable locomotive économique de l’Amérique, la Californie pourrait ainsi orienter la politique nationale. D’autant plus qu’elle n’est pas seule à se battre. Le gouverneur de l’Illinois, Jay Robert Pritzker, a demandé aux législateurs de son Etat de se pencher sur les menaces potentielles d’un second mandat de Donald Trump. Selon un haut conseiller du gouverneur interrogé par The New York Times sous le couvert de l’anonymat, Jay Robert Pritzker “cherche des moyens de protéger les dossiers des femmes venant avorter dans l’Illinois”. Son équipe étudierait également un ensemble de projets de loi qui codifieraient les réglementations environnementales inscrites dans le droit de l’Etat, afin de les renforcer contre toute contestation fédérale.L’Etat de Washington, second bastion démocrate de la côte ouest, est également de la partie, accompagné de celui de New York. Tous deux, hautement déterminés à combattre aux côtés de la Californie et de l’Illinois. À condition, bien sûr, que résister ne lasse pas les démocrates. Lors du premier mandat de Donald Trump, certains des fervents défenseurs de l’opposition californienne avaient fait part d’un sentiment de “fatigue de la résistance”, estimant que la cascade de procès et de lois avait parfois détourné l’attention des dirigeants de problématiques urgentes de l’Etat. Lors de ses quatre premières années de mandat, l’administration Trump avait été poursuivie plus de 120 fois par la Californie.
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Author : Aurore Maubian
Publish date : 2024-11-08 15:17:34
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