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L’Express

50 ans de la loi Veil, les archives de L’Express : “Aucune réforme n’était plus urgente”

Simone Veil en couverture de L'Express à la veille de son discours à l'Assemblée nationale sur l'avortement.




“Alea jacta est. L’Assemblée nationale a approuvé le projet de loi sur l’avortement”, peut-on lire dans les pages “Madame Express” de décembre 1974. Dans son histoire septuagénaire, L’Express a soutenu de nombreux combats. Celui du droit des femmes à avorter en est un central. A l’occasion des 50 ans de la promulgation de la loi Veil, le 17 janvier 1975, revenons sur la façon dont nous avons traité cet événement historique.Avant même que Simone Veil ne défende son projet de loi à l’Assemblée nationale, L’Express soulevait déjà le dossier épineux de l’avortement. Il faut remonter à avril 1974. La mort de Georges Pompidou “a fait ranger tous les dossiers dans les coffres et les armoires”, déploraient alors les journalistes Albert du Roy et Françoise Monier, et notamment la loi Taittinger-Poniatowski, premier projet pour légaliser l’avortement. “Aucune réforme n’était plus urgente : il y a plus de sept cent mille avortements clandestins par an”, rappelaient-ils amèrement.Simone Veil en couverture de L’Express à la veille de son discours à l’Assemblée nationale sur l’avortement.Un projet de loi porté par une femmeEn mai 1974, Valéry Giscard d’Estaing arrive au pouvoir. Le nouveau président, dont la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) était une promesse de campagne, redonne un élan au projet de loi. Il nomme Simone Veil pour le porter devant les députés. Un signe fort que reconnaît L’Express, qui souligne le fait qu’un tel dossier ait été confié à la ministre de la Santé et non à celui de la Justice, mais également qu’il ait été confié à une femme : “C’est d’abord une façon de montrer que la nouvelle loi ne devra pas être répressive. Mais qu’elle doit mettre, au contraire, l’accent sur la santé, physique et morale, de la femme. Et puis, il n’est pas mauvais qu’une femme […] affronte la masse des députés que les problèmes féminins laissent indifférents – quand ils ne les ‘révulsent’ pas”, soulignent ironiquement Catherine Nay et Michèle Cotta.Dans un édito de juin 1974, Françoise Giroud, alors directrice de la rédaction de L’Express – poste qu’elle quittera un mois plus tard – et secrétaire d’État à la condition féminine du gouvernement Chirac, réclame un nouveau projet de loi sur l’avortement “avant la fin de l’année”. Elle souligne l’écart entre la réalité des femmes qui ont recours aux avortements clandestins et celle de ceux qui s’opposent à leur légalisation : “Dès lors que les progrès de la médecine permettent d’empêcher la conception, d’éviter sans danger une naissance inopportune, […] la femme “piégée” se ressent victime d’une intolérable injustice.”Un écart qui sera toujours dénoncé dans L’Express. En novembre 1974, Catherine Nay et Jacques Perrier écrivent eux : “Il ne faut pas se tromper sur le nombre des opposants, même bruyants. En l’occurrence, la majorité silencieuse est pour qu’on en finisse avec le scandale de l’avortement clandestin.”La question de l’avortement devient politiqueCatherine Nay et Jacques Perrier regrettent que la libéralisation de l’avortement, à l’origine problème de société, se transforme en “équation politique” : les députés de la majorité ont “tous la trouille” de perdre leurs électeurs, rapportaient-ils, citant un parlementaire de l’Union des démocrates pour la République (UDR, ancêtre des Républicains). “Qui a envie de dire et d’écrire à son député : ‘Je suis pour l’avortement’ ? On n’est jamais pour. On s’y résigne”, défendaient les journalistes.Michèle Cotta et Catherine Nay publient un article intitulé “Pour la loi Simone Veil” dans L’Express en novembre 1974.Alexandre Bolo, député UDR de Loire-Atlantique et rapporteur de la loi, est lui-même opposé à la libéralisation de l’avortement. “C’est à cet adversaire déclaré que Mme Simone Veil, le ministre de la Santé, a dû confier le sort de son projet”, déplorent Catherine Nay et Michèle Cotta dans un numéro de L’Express intitulé “Pour la loi Veil” en novembre 1974. Les deux femmes soulignent l’opposition existante entre le projet de loi porté par Giscard d’Estaing à travers sa ministre de la Santé et ses propres députés UDR.A quelques semaines du discours historique de Simone Veil à la tribune de l’Assemblée nationale, elles appellent la majorité présidentielle, “au pied du mur”, à prendre ses responsabilités : “Le changement est là […] dans l’ajustement nécessaire de la loi sur les mœurs plutôt que dans l’aveuglement”. “L’échec du projet de loi au Parlement, ce serait un échec de Giscard”, considèrent les deux femmes. @lexpress 📌 Il y a cinquante ans, le 29 novembre 1974, l’Assemblée nationale adoptait la loi autorisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Un texte porté par Simone Veil, alors ministre de la Santé, quelques jours auparavant à la tribune de l’Assemblée nationale. En voici les images. L’Express avait alors pris position dans cette bataille et en racontait les premières étapes. Une archive à retrouver sur notre site. #simoneveil #IVG #avortement #societe #politique #france #droitdesfemmes #tiktokacademie #newsattiktok #learningontiktok ♬ original sound – L’Express Une mise en place difficileLa loi Veil est finalement promulguée le 17 janvier 1975, pour une période probatoire de cinq ans. Les femmes peuvent désormais avorter légalement avant la fin de la dixième semaine de grossesse dans les hôpitaux et cliniques agréés. Mais sa mise en place s’avère compliquée. Certains médecins refusent de pratiquer les avortements, d’autres y sont peu enthousiastes à cause du manque de préparation : “Quand on vote une loi, il faut s’assurer que l’intendance suit. Mon service déborde”, témoigne alors un médecin. En mai 1975, quatre mois après la mise en place de la loi, Simone Veil prend la parole dans L’Express : “Il y a des lois qui s’appliquent d’elles-mêmes. La loi sur l’interruption de grossesse n’est pas de celles-là. Car elle n’a pas pour objet de structurer une profession ou d’organiser des services : elle bouleverse les mœurs”, confie-t-elle à Michèle Cotta.Dans la suite de son entretien, Michèle Cotta regrette qu’un combat dont L’Express a toujours été moteur ait été mis de côté avec ce coup de projecteur sur l’avortement. Celui de la contraception. La ministre de la Santé lui répond en rappelant à quel point il est important d’éduquer les femmes à ce sujet : “Il faut [leur] dire : si vous ne voulez pas d’autres enfants, si vous voulez planifier les naissances de vos enfants, c’est par la contraception et non pas par l’interruption de grossesse que vous y arrivez.” La loi Veil sera reconduite définitivement le 30 novembre 1979.



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Publish date : 2025-01-17 06:00:00

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