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L’Express

Sanctions américaines sur le pétrole russe : pourquoi Vladimir Poutine va souffrir

Vladimir Poutine lors d'une réunion sur la sécurité en vidéoconférence, le 28 décembre 2024 à Moscou - photo publiée par l'agence d'Etat Sputnik




Ils n’auront finalement pas pu livrer leur cargaison. Après avoir fait des ronds dans l’eau pendant deux jours devant les côtes chinoises, les pétroliers Olia et Huihai Pacific sont repartis le 13 janvier vers leur port de chargement, Kozmino (Russie). Quatre autres navires mouillent toujours au large de la province du Shandong, sans que l’on sache encore s’ils pourront accoster. La raison ? Les sanctions spectaculaires annoncées le 10 janvier par la Maison-Blanche, qui visent deux gros producteurs russes de pétrole et plus de 150 “tankers fantômes”, utilisés par Moscou pour exporter son or noir, dans des conditions opaques.Pourquoi Washington frappe-t-il maintenant ? “Le moment est parfait, répond Marc-Antoine Eyl-Mazzega, spécialiste de l’énergie à l’Institut français des relations internationales (Ifri). Le marché pétrolier est excédentaire, avec une offre abondante en provenance d’Amérique (États-Unis, Canada, Brésil) et des pays de l’Opep, qui continuent de produire à des niveaux relativement élevés. En même temps, la croissance mondiale ralentit fortement, ce qui a des incidences à la baisse sur la demande de brut.” S’attaquer au pétrole russe ne devrait donc pas provoquer de choc majeur.Réticences chinoisesEn revanche, l’impact de ces sanctions risque d’être dévastateur pour la Russie, qui transporte 22 % de son or noir via cette “flotte fantôme”, selon des chiffres de l’Agence internationale de l’énergie. Moscou risque donc d’avoir de plus en plus de mal à trouver des acheteurs. Les autorités américaines ayant bien précisé que “toute personne ou institution financière étrangère pouvait faire l’objet de sanctions pour avoir sciemment facilité des transactions” avec Moscou, les opérateurs chinois (négoce, raffinage), comme leurs homologues indiens, qui avaient pourtant doublé leurs achats de brut russe l’an dernier, ne prendront pas le risque d’être ciblés à leur tour – et d’être exclus du système bancaire en dollars. Déjà, les banques impliquées dans le commerce russo-indien sont bien plus regardantes sur les certificats d’origine des cargaisons.Indiens et Chinois devraient donc se tourner vers de nouveaux vendeurs. L’Irak, les Émirats arabes unis et le Koweït ont reçu récemment des “demandes de renseignements” d’acheteurs chinois et indiens pour fournir du brut supplémentaire dans les mois à venir, selon l’agence Bloomberg. Et New Dehli vient d’annoncer qu’il interdirait l’accès à ses ports aux pétroliers sanctionnés à partir du mois de mars.Maquillage ‘à la russe’Certes, Moscou va trouver des solutions. “Si quelque chose est bloqué, des alternatives apparaissent ailleurs”, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, le 13 janvier. Nul doute que les opérateurs russes vont redoubler de créativité pour contourner les mesures américaines. “Maquillage des transactions, de la propriété des navires, de leur nom et de leurs itinéraires… Le jeu du chat et de la souris va continuer, opine notre expert de l’Ifri. Les Russes pourraient par exemple réimmatriculer les navires sanctionnés, transférer des actifs dans de nouvelles sociétés… Ils ont certainement anticipé les mesures américaines et l’on découvrira sans doute bientôt des transferts de propriétés dans des sociétés qui ne sont pas encore identifiées.”Mais ces processus prennent du temps et sont complexes à mettre en œuvre. D’autant que les pavillons de complaisance y regarderont à deux fois avant d’immatriculer des tankers russes, par peur de représailles américaines. Dans tous les cas, ils feront payer plus cher leurs services. Les coûts logistiques vont donc augmenter pour Moscou, ce qui provoquera, à terme, des baisses de recettes liées aux ventes d’hydrocarbures.Maintenir les sanctionsEncore faut-il maintenant que ces sanctions, prises – très tardivement – par Joe Biden, soient maintenues par son successeur Donald Trump, qui s’installera lundi prochain dans le bureau Ovale. C’est fort probable. Candidat au poste de secrétaire au Trésor, Scott Bessent a déclaré lors de son audience au Sénat, ce 16 janvier, qu’il est “à 100 % favorable à une augmentation des sanctions, en particulier contre les grandes compagnies pétrolières, à des niveaux qui amèneraient la Fédération de Russie à la table des négociations”. De fait, Trump a d’autant plus intérêt à les maintenir qu’il n’en est pas le signataire, ce qui lui permet de garder ses marges de manœuvre et de maintenir une ‘ambiguïté stratégique’ sur ses intentions. S’il parvient ainsi à faire plier Vladimir Poutine, il pourra dire merci à Joe Biden…



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Author : Charles Haquet

Publish date : 2025-01-17 05:30:00

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