Mark Zuckerberg embrasse pleinement l’ère “trumpiste”. Le patron du plus puissant groupe de réseaux sociaux au monde, Meta, a annoncé mardi 7 janvier un virage à 180° de la politique de modération du groupe comprenant Facebook, Instagram, WhatsApp ou encore Threads. Exit le fact-checking de publications, jusqu’ici réalisé par des journalistes afin de lutter contre la désinformation. Place aux plus partiales “notes communautaires”, inspirées par le sulfureux X, détenu quant à lui par Elon Musk. Plus largement, le fondateur de Facebook entend débrider ses plateformes en laissant davantage de place aux contenus politiques. “L’objectif est de revenir à nos racines : la liberté d’expression”, a-t-il affirmé. Une liberté maximaliste, aux limites volontairement floues. Le site d’information Wired a constaté qu’il était dorénavant possible aux utilisateurs, selon les nouvelles règles mises en place, “d’accuser des personnes transgenres ou homosexuelles d’être des malades mentaux en raison de leur expression de genre et de leur orientation sexuelle”.Si les changements de modération de Meta, et notamment la fin du fact-checking, ne devraient concerner dans un premier temps que les Etats-Unis, le message de Mark Zuckerberg sonne également comme une déclaration de guerre envers les 27, qui ont fait de la modération des contenus sur les grandes plateformes un enjeu prioritaire. Dans son message vidéo publié mardi, l’ancien étudiant de Harvard a aussi accusé l’Union européenne d’avoir “institutionnalis[é] la censure”, l’empêchant par ailleurs “d’innover”. D’après le média Contexte, Meta a déjà envoyé une première analyse de risque à la Commission afin de les préparer à l’arrêt du fact-checking, dans un futur proche.L’UE bat en retraiteCertains rappelleront, à juste titre, que les relations étaient déjà tendues entre les deux parties. Meta rechigne de longue date à appliquer les réglementations adoptées par le Vieux Continent, à commencer par le RGPD, mis en application depuis 2018. Afin de contourner le consentement obligatoire des internautes à de la publicité ciblée, Facebook et Instagram ont proposé des abonnements payants. Illégal, selon les législateurs européens, qui attendent toujours que Meta propose des solutions viables. Au rang des (nombreux) contentieux, Meta fait également l’objet d’une procédure formelle concernant la protection des mineurs sur ses réseaux sociaux, dans le cadre du Digital Services Act (DSA). “Nous soupçonnons que la modération de Meta est insuffisante et qu’elle manque de transparence concernant les publicités et les procédures de modération des contenus”, a déclaré Margrethe Vestager, ancienne vice-présidente de la Commission chargée de la Concurrence, au printemps dernier.Il serait naïf de croire que Meta travaillera désormais à résoudre ces problèmes. D’une part, car la firme ne part pas seule à la guerre. Elon Musk, avec X, ne cache pas son mépris pour l’UE et ses régulations du numérique. A divers degrés, de puissantes compagnies comme Apple, Amazon et Google sont aussi critiques des différentes lois promulguées par le l’Europe ces dernières années sur l’IA ou encore la concurrence.Ces multinationales peuvent désormais s’appuyer sur un président plus hostile au Vieux Continent. Un Donald Trump enclin à imposer des droits de douane prohibitifs à quiconque se dresse en travers de sa route. Le milliardaire est prêt à toutes les folies, agitant l’idée d’annexer le Groenland ou d’absorber le Canada. Nul ne sait où sont ses limites. La Big Tech, et notamment Zuckerberg, que l’on croyait sur la voie de la “rédemption” en début d’année, entendent profiter de la crainte qu’inspire le républicain. Un calcul cynique, mais qui porte déjà ses fruits. L’Europe bat en retraite. Selon les informations du Monde, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, aurait décidé de mettre en pause les investigations à l’encontre de la Big Tech américaine. Repoussant aux calendes grecques d’éventuelles sanctions pécuniaires, voire des interdictions d’accès au marché, contre ces géants.
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Author : Maxime Recoquillé
Publish date : 2025-01-08 17:07:00
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