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L’Express

Séries : “Vigil”, un deuil inguérissable dans un sous-marin nucléaire

"Vigil", série diffusée sur Arte




Le film de sous-marin est un genre que j’apprécie énormément. Etre coincé à 20 000 ou 100 000 lieues sous les mers, c’est mon angoisse préférée. Pourtant je sais nager, j’ai même fait de la plongée avec des bouteilles et tout. Mais je ne connais rien de plus kiffant que de me retrouver dans une salle de ciné à bord d’un sous-marin en détresse. Dès qu’il commence à y avoir des problèmes de pression avec les aiguilles qui s’agitent, je sens le vertige des profondeurs me dégouliner sous les bras. En plus, pour être franc, au niveau des torpilles, je ne trouve pas que le nucléaire ajoute grand-chose puisque de toute façon, on va tous crever comme des rats. Pas vrai, Harry ? Vous avez raison, amiral.D’après mon encyclopédie préférée, il se serait tourné plus de 150 films de sous-marins en un siècle de cinéma. Et c’est sans compter les 120 épisodes de la série d’Irwin Allen, Voyage au fond des mers : “– C’est inouï, quelle pression ! Et elle s’accroît d’une éruption à l’autre ! Harry, vous allez plonger et faire des prélèvements. – Vous devriez attendre… Et s’il y avait du danger ? – Ne dites donc pas de bêtises, les éruptions ne durent jamais plus d’une minute ou deux. J’ai besoin de ces prélèvements tout de suite. Vous ne serez jamais un savant : il faut savoir oser. – Je sais. Je ne suis qu’une femme, voyons. – Ça, c’est une chose dont je n’ai pas à me plaindre.”Conflit des flash-backMais venons-en à Vigil, réalisée soixante ans plus tard, et diffusée sur Arte : une femme (Suranne Jones) commandante de police, ça sent l’originalité forcée, mais quand on la voit se faire draguer par sa lieutenante (Rose Leslie), on se demande dans quel commissariat on est tombé. Complication : la commandante est d’autant moins portée sur la chose qu’elle vient de perdre son mari dans un accident à bord d’une voiture qui s’est retrouvée au fond de l’eau. La commandante a réussi à sauver sa fille de la noyade, pas son mari qu’elle a vu mourir, coincé noyé dans la voiture, impossible d’ouvrir cette putain de portière. Et son boss qui ne trouve rien de mieux pour lui changer les idées que de l’envoyer dans un sous-marin nucléaire où s’est embarqué un espion à la solde des Russes qui n’a de cesse de saboter le navire. Avouez qu’elle n’est psychologiquement pas prête à affronter la situation. Du coup, à chaque fois qu’elle prend un coup sur la tête, la commandante nous fait un flash-back sur l’accident mortel de son mari, et cela deux ou trois fois à chaque épisode.C’est aussi à coups de flash-back qu’on comprend qu’après avoir cédé aux avances consolatrices de la lieutenante folle amoureuse, il faut dire qu’elle est super jolie, la commandante a rompu de façon incompréhensible ; la résilience n’était pas mûre. Elle grimace son deuil inguérissable tout le long des six épisodes, c’est plombant. Heureusement, le beau gosse à la solde de Poutine lui met un coup derrière la tête et l’enfourne dans le tube ­lance-torpille où elle va crever, c’est sûr. Là, on a droit à une véritable guerre de flash-back : l’accident de voiture contre les moments heureux avec la jolie lieutenante.A part ça, j’ai bien aimé, mais je suis certain qu’en coupant cette histoire d’amour cucul la praline, j’aurais adoré cette série. Quand j’ai réalisé qu’il y avait une deuxième saison, je me suis dit que nos deux policières n’allaient pas pouvoir sauver la planète d’une guerre nucléaire une seconde fois. Mais la curiosité m’a poussé à y aller voir. J’avais raison de me faire du souci. On les voit toutes les deux à l’avant de leur véhicule de police, rabibochées, gaies comme des pinsonnes, en route pour une nouvelle scène de crime : un drone fou vient de massacrer la moitié de l’état-major d’un émirat arabe. Les scénaristes se sont débarrassés de ce qu’il y avait de mieux dans la première saison : le sous-marin, et ils ont gardé ce qu’il y avait de plus tarte : la jolie lieutenante est enceinte. Elles vont avoir un enfant. Alors oui, décidément, la police est pleine de malice.



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Author : Christophe Donner

Publish date : 2025-01-15 05:15:00

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