Le danger, écrit-on régulièrement dans ces colonnes, vient de Moscou et de Pékin. De Poutine et de Xi Jinping, deux autocrates hostiles à l’Occident. Et de leurs alliés, les idiots utiles, les convaincus, les despotes locaux, les ennemis de la liberté… Le 6 janvier 2021, l’assaut du Capitole par les partisans de Donald Trump avait toutefois sonné l’alarme. La démocratie américaine se trouvait à son tour menacée par une tentative d’insurrection venue de l’intérieur, guidée par un président sortant refusant d’accepter sa défaite dans les urnes. Une attaque largement relayée sur Facebook, le réseau social de Mark Zuckerberg.Quatre ans plus tard, le magnat de l’immobilier est de retour par la grande porte. Le 20 janvier, il jurera sur la Bible, devenant, à 78 ans, le 47e président des Etats-Unis. En réalité, son mandat a déjà démarré, à en juger par ses prises de parole incessantes et celles de son allié du moment, Elon Musk. Si le patron de Tesla et de X n’est pas vice-président, c’est tout comme : le génial entrepreneur sud-africain, fort de ses 212 millions d’abonnés sur X, est aussi habile que son chef pour provoquer et déstabiliser nos démocraties.Nos dirigeants sont tétanisésIl y a quatre ans, on disait de Trump : il est fou. Aujourd’hui, on murmure : lui et Musk sont dangereux. Et pas seulement parce que Donald Trump a promis de gracier les 1 250 émeutiers du 6 janvier 2021. Mais parce que le projet du nouveau tandem au pouvoir consiste bien à soumettre l’Europe. Commercialement, politiquement, juridiquement, militairement… Les propos du futur vice-président, J.D. Vance, sont à cet égard sans ambiguïté : “Nous devons dire que la puissance américaine est assortie de certaines conditions. L’une d’entre elles est le respect de la liberté d’expression, en particulier chez nos alliés européens.”Les Etats-Unis, champions de la liberté d’expression : c’est le nouveau mantra trumpien, pour justifier toutes les manipulations d’information sur les réseaux sociaux et appeler à démanteler les régulations mises en place en Europe pour tenter de contrôler ces derniers. La guerre est ouverte, mais elle est déjà perdue côté européen. Qui a entendu la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ces derniers jours prendre la défense des dispositifs européens mis en place il y a seulement quelques mois (Digital Services Act et Digital Market Act) ? Nos dirigeants, tétanisés, osent à peine bouger une oreille, de peur des répercussions sur le plan commercial ou de soutien militaire.”Les plateformes sont devenues toxiques, alerte David Colon, chercheur et enseignant à Sciences Po et auteur de La guerre de l’information (Tallandier). Depuis l’avènement de l’IA générative, cette toxicité a été démultipliée, mettant nos démocraties en danger de mort.” Quelle parade pour l’Europe, pour échapper au venin diffusé par les réseaux sociaux, sinon de créer son propre réseau social vertueux ? Loin des algorithmes malveillants de TikTok, de Meta, ou de X. Il est minuit moins une.
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Author : Eric Chol
Publish date : 2025-01-14 11:30:00
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Face à Elon Musk et Donald Trump, le grand silence de l’Europe
