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L’Express

Liban : Nawaf Salam, un juge international devenu Premier ministre

Le président de la CIJ de La Haye Nawaf Salam le 1er mai 2024 lors d'une audience dans l'affaire qui oppose le Mexique et l'Equateur au sujet du raid policier contre l'ambassade mexicaine à Quito pour arrêter un fugitif qui s'y était réfugié.




Nawaf Salam, nommé ce lundi 13 janvier Premier ministre du Liban, est un juge international et diplomate chevronné, qui a réussi à se faire une réputation loin des vicissitudes de la vie politique locale.Le juge beyrouthin de 71 ans, issu d’une grande famille engagée en politique, occupait jusqu’à présent la fonction de président de la Cour internationale de Justice (CIJ), la plus haute instance judiciaire des Nations unies, à La Haye.Ses partisans espèrent que sa nomination permettra de tourner la page de la domination du Hezbollah pro-iranien sur la vie politique du Liban et de changer le fonctionnement des institutions, en mettant en œuvre les grandes lignes annoncées par le président Joseph Aoun lors de son discours de serment. Le nouveau Premier ministre a obtenu le soutien de 84 députés sur un total de 128, mais n’a pas reçu les voix des députés du parti chiite pro-iranien Hezbollah et de son allié, le mouvement Amal, ce qui signifie que sa mission de former le gouvernement ne sera pas facile.Nawaf Salam, qui apparaît rarement dans les médias, avait été proposé plusieurs fois par les députés opposés au Hezbollah. En 2007, le gouvernement de l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, farouchement hostile au Hezbollah, l’avait nommé ambassadeur auprès de l’ONU en dehors du corps diplomatique.En prêtant serment le 9 janvier, Nawaf Aoun avait promis d’ouvrir “une nouvelle ère”, où l’Etat aurait “le monopole des armes”, dans un message implicite au Hezbollah, sorti très affaibli de la dernière guerre contre Israël après avoir dominé sans partage la vie politique libanaise.”Véritables changements” Selon le professeur d’université Ali Mrad, “le soutien de forces politiques de différentes origines à la candidature de Nawaf Salam reflète les véritables changements que vit le Liban”. Il estime que sa nomination, “compte tenu de la valeur internationale qu’il représente, de sa position ferme sur la question palestinienne, de ses compétences personnelles et de son alignement réformiste avec le discours du mandat présidentiel”, représente “le vrai chemin” à suivre.L’année 2024 a marqué un tournant dans la carrière de Nawaf Salam, après son élection en février pour trois ans à la tête de la CIJ. En juillet, il a annoncé que la cour avait jugé “illégale” la présence continue d’Israël dans les territoires palestiniens et avait appelé à “y mettre fin dans les plus brefs délais”, une décision qualifiée d'”historique” par les Palestiniens. “Son rôle à La Haye renforce son profil de réformiste capable de traiter la corruption et l’inefficacité”, a estimé le chercheur Imad Salamey.Nawaf Salam incarne l’espoir dans un pays entravé par une impasse politique interminable et, depuis 2019, par la pire crise économique qu’il ait connue depuis son indépendance. D’importantes manifestations avaient éclaté en 2019, alors que l’économie du pays s’effondrait, exigeant un renouveau de la classe dirigeante inchangée depuis la guerre civile (1975-1990) et accusée de corruption. À cette époque, le nom de Nawaf Salam avait été proposé plusieurs reprises, sans succès.”Symbole d’espoir””Nawaf Salam est largement respecté pour sa rigueur académique, ses vues indépendantes et son engagement en faveur de la justice et des droits de l’homme”, a estimé Imad Salamey. Selon lui, “sa capacité à maintenir une distance égale entre les partis divisés du Liban, tout en incarnant des principes de justice et de gouvernance, fait de lui un symbole d’espoir.”Nawaf Salam a été ambassadeur du Liban auprès des Nations Unies de 2007 à 2017, recevant pour ce rôle la Légion d’honneur de la France, ancienne puissance mandataire. Sa femme, Sahar Baassiri, avec qui il a deux fils, a été la représentante du Liban au sein de l’Unesco. Dans sa jeunesse, il s’était enrôlé dans les rangs de la résistance palestinienne au Liban, selon un de ses proches. Il a étudié les sciences politiques, l’histoire et le droit, obtenant un master de Harvard aux États-Unis et deux doctorats de Sciences Po et La Sorbonne en France.Ses nombreux écrits comprennent un essai de 2004 sur la réforme du système électoral libanais. Nawaf Salam suivra les traces de son oncle Saeb, qui a dirigé le gouvernement à quatre reprises entre 1952 et 1973, et de son cousin Tammam, Premier ministre de 2014 à 2016.



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Publish date : 2025-01-13 18:46:00

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