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L’Express

Incendies à Los Angeles : le cauchemar des compagnies d’assurance en chiffres

Des maisons détruites par un incendie, le 9 janvier 2025 à Malibu (Etats-Unis)




Imaginez rentrer chez vous un soir, après une journée de travail épuisante, ouvrir boîte aux lettres et y découvrir une lettre de votre compagnie d’assurance. On est au mois de mars, vous venez de renouveler votre contrat d’habitation… Cela vous paraît étrange de recevoir une telle lettre. Vous l’ouvrez et mauvaise surprise : vous découvrez que le renouvellement de votre contrat n’a pas été accepté.Cette mésaventure est arrivée en mars dernier à des milliers de Californiens lorsque la compagnie State Farm General, leader de l’assurance habitation dans l’Etat (plus de 9 % de parts de marché) a résilié 72 000 contrats pour préserver sa rentabilité. “La décision n’a pas été prise à la légère, pointe-t-elle dans un communiqué de presse, et seulement après une analyse prudente de la santé financière de la société qui continue d’être impacté par l’inflation, les coûts de réassurance et l’exposition aux catastrophes.” Ces contrats représentaient environ 2 % de la totalité des contrats souscrits auprès de State Farm.L’information n’a pas fait l’effet d’une bombe. En Californie, c’est même devenu une vieille rengaine. “En 2023, sept des douze plus grands assureurs californiens en part de marché ont soit mis en pause, soit restreint la mise en place de nouvelles couvertures dans l’Etat”, s’inquiétait Ricardo Lara, le commissaire aux assurances local, un élu dont la mission est de superviser le secteur. Ainsi, 2,8 millions de contrats d’assurance n’auraient pas été renouvelés en Californie entre 2020 et 2022, dont plus de 530 000 dans le comté de Los Angeles, ravagé par les flammes.Justice assurantiellePour remédier à ces risques, le “Golden State” a mis en place il y a 50 ans, un système assurantiel de dernier recours baptisé le “FAIR Plan” (acronyme pour “Fair Access to Insurance Requirements”, “juste accès aux prérequis à l’assurance”). Ce système est financé par une contribution obligatoire des compagnies d’assurance privées d’une part, et par les cotisations des souscripteurs d’autre part. A l’origine, une assurance FAIR Plan ne pouvait être signée que lorsqu’une personne se voyait refuser la souscription d’un contrat par plusieurs compagnies d’assurance. Mais pour de nombreux ménages californiens aujourd’hui, le FAIR Plan est devenu “leur seul recours et non plus leur dernier recours”, s’alarme Ricardo Lara. Dans le quartier de Pacific Palisades, à Los Angeles, où sévit le principal foyer d’incendie aujourd’hui, on dénombrait environ 9 000 habitations occupées et 1 430 souscriptions au FAIR Plan en 2024. Quatre ans plus tôt, le nombre de contrats dans ce quartier où les risques de feux de forêts étaient bien connus n’était que de 360.Par ailleurs, le FAIR Plan n’a rien d’une solution miracle. Les montants assurés ne peuvent dépasser trois millions de dollars pour un contrat d’habitation et 20 millions pour un contrat commercial. Or, dans les quartiers actuellement ravagés par les incendies, remplis de propriétés luxueuses et de nombreux commerces, les dégâts excèdent ces minimaux. Déjà, la rumeur se répand sur les réseaux sociaux d’une insolvabilité de l’assurance minimale. “Le FAIR Plan possède des mécanismes, y compris des mécanismes de réassurance, pour être certains que tous les dommages soient couverts”, tente de rassurer une de ses porte-paroles auprès de nos confrères d’Associated Press.Facture exponentielleQuoi qu’il arrive, le montant des dégâts devrait se chiffrer en milliards de dollars. Trois jours après le début des incendies, environ 10 000 structures ont déjà été endommagées ou détruites. A eux deux, les foyers surnommés “Palisades Fire” et “Eaton Fire” sont déjà au deuxième rang des incendies les plus destructeurs de l’histoire de la Californie et ils continuent de se propager. A ce stade, le montant estimé des dégâts serait de 50 milliards de dollars – pour les observateurs les plus optimistes – à 150 milliards.Conséquence : les cotisations des assurés de la région risquent d’exploser. D’autant que le “Golden State” vient de réformer son système. Si les compagnies d’assurances veulent continuer à travailler en Californie, ils seront désormais contraints de proposer des contrats dans certains comtés à haut risque de catastrophe naturelle, d’après un règlement de l’exécutif local signé en décembre 2024. En contrepartie, ils pourront répercuter les coûts de réassurance – soit les coûts engendrés par les contrats qu’ils souscrivent eux-mêmes pour compenser les sommes astronomiques à verser en cas de catastrophe – sur leurs clients. Consumer Watchdog, une ONG de Santa Monica chargée de défendre les droits des consommateurs, évalue ainsi que les ménages californiens pourraient bientôt voir leur facture augmenter de 40 %.



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Author : Mathias Penguilly

Publish date : 2025-01-10 16:24:00

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