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L’Express

Comment la bureaucratie participe au suicide économique de la France, par Denys de Béchillon

Le Premier ministre François Bayrou, lors d'une visite sur une base militaire française à Sainte-Marie, sur l'île de La Réunion, le 31 décembre 2024




Plusieurs grands patrons français ont récemment tiré la sonnette d’alarme au sujet de ce que la perte de compétitivité nationale doit à la bureaucratie – entendons par-là l’empilement des normes réputées servir l’intérêt général, la complexité des procédures administratives et l’obsession des contrôles. Continuons dans la même veine.1) La question de la compétitivité n’a rien d’un sujet pour dîners en ville ou pour examen d’entrée aux écoles de commerce. C’est de survie qu’il s’agit. Vu l’état de nos finances publiques et le coût exponentiel de notre endettement, d’immenses drames économiques et sociaux nous attendent si nous ne parvenons pas à produire, vendre, dynamiser l’emploi, provoquer l’investissement, susciter la confiance et, au plus strict minimum, ne pas le faire moins ou plus mal que les autres.2) Donald Trump va nous compliquer la tâche. Son programme économique est foncièrement dérégulateur. Outre-Atlantique, les contraintes juridiques qui pèsent sur les entreprises vont fondre comme neige au soleil. Et, pour le cas où tout le monde n’aurait pas bien compris que l’Amérique sera d’autant plus grande qu’elle sera attractive, le président élu a pris soin d’ajouter une cerise sur le gâteau en annonçant sur Truth Social que “toute personne ou entreprise investissant 1 milliard de dollars ou plus aux Etats-Unis recevra des autorisations et des permis de façon accélérée, y compris, des approbations environnementales. Préparez-vous à rocker !!!” Et nous, à garder le sac de la copine….3) Nous utilisons l’essentiel de notre génie à nous mitrailler les genoux. L’instabilité – et l’immaturité – politique dans laquelle nous nous complaisons offre à la France un suicide économique flamboyant. On ne voit pas très bien qui, parmi les entreprises, pourrait donner tranquillement sa confiance à ce Parlement-là pour produire le minimum de sécurité juridique indispensable à leur oxygénation. La dinguerie ambiante à l’Assemblée n’a pas seulement pour effet d’interdire la moindre anticipation légitime. Elle impose l’anxiété comme seule ligne de conduite rationnelle – sans même parler de fiscalité. De grands groupes se délocalisent, se font coter par morceaux à la Bourse d’autres pays. D’autres sont assez fragilisés pour éveiller des appétits de dévoration. Le hasard n’y est pour rien.4) L’Union européenne ne vaut guère mieux dans l’art d’exposer sa gorge d’herbivore aux dents des carnassiers. Son acharnement antinucléaire en a longtemps donné un bon exemple, mais c’est aujourd’hui dans la surenchère vertueuse qu’elle excelle avec la plus invraisemblable naïveté. L’entrée en vigueur, dans deux ans, de la directive – d’inspiration française – sur le “devoir de vigilance” des grandes sociétés mérite à cet égard l’attribution du pompon. Elle leur imposera, dans leurs relations à l’étranger avec leurs fournisseurs, sous-traitants ou filiales, nombre d’obligations sociales et environnementales affreusement difficiles à satisfaire, ce qui aura pour effet de les jeter tout cru entre les pattes des ONG les plus vindicatives, lesquelles s’ingénieront à les faire rôtir devant les tribunaux. N’ayant rien à subir de tel, les concurrents de l’Europe (Etats-Unis, Chine, etc.) s’en pourlèchent déjà les babines.Pour qui veut regarder ces réalités en face, le doute n’est plus permis. Il va évidemment falloir couper dans le gras des normes et des procédures, aussi sûrement qu’il va falloir en faire autant dans la dépense publique. J’ai déjà eu l’occasion de dire ici que, dans cette chirurgie nécessaire, le choix des sites à opérer comme celui de la profondeur des exérèses constituait un enjeu de civilisation et qu’il fallait mettre là-dedans autant d’énergie que de discernement politique partagé.Selon toute évidence, nous en sommes parfaitement incapables en ce moment. Là est pourtant le seul chemin qui vaille : saisir le sécateur avant que d’autres n’empoignent la tronçonneuse ; élaguer court, mais propre en plus que judicieux ; voir que l’arbre va très mal, que les vents dominants vont le secouer beaucoup et qu’il tombera tout entier si l’on ne le soigne pas maintenant.



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Author : Denys de Béchillon

Publish date : 2025-01-06 07:00:00

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