Des enquêtes de conjoncture qui dévissent, une productivité en berne, un taux de chômage qui remonte… Entre le début de 2024, où le gouvernement misait sur un “effet JO” et la période actuelle marquée par un sentiment de perte de contrôle, le contraste est saisissant. Deux éléments ont fait basculer la France vers le pot-au-noir : la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée par Emmanuel Macron en juin et le dérapage des finances publiques, sans précédent hors temps de crise. Comment rebondir ? Le moindre vent contraire semble aujourd’hui capable de plonger le pays dans un début de récession. Le coup fatal viendra-t-il des marchés obligataires ? A moins que la guerre commerciale ou la mauvaise météo ne viennent à bout de plusieurs pans de notre économie, déjà exsangue avant même tout effort budgétaire. L’Express passe en revue les principaux risques auxquels le nouveau tandem de ministres Eric Lombard (Economie) et Amélie de Montchalin (Budget) est confronté.C’est une défaite symbolique dont Emmanuel Macron ne s’est jamais remis. En mai 2023, un sondage Elabe pour Les Echos et l’Institut Montaigne révèle que 42 % des Français ont le sentiment que la fiscalité a augmenté depuis l’élection du président de la République en 2017. Seuls 28 % d’entre eux pensent l’inverse. Or, le bilan de l’intéressé “est l’un des plus ambitieux en la matière puisque près de 50 milliards d’euros de baisses d’impôts – dont 26 milliards à destination des ménages – ont été réalisés en un quinquennat”, rappelle alors Lisa Thomas-Darbois, la directrice des études de l’Institut Montaigne.Quelques mois plus tard, le baromètre du Conseil des prélèvements obligatoires (CPO), un organisme rattaché à la Cour des comptes, enfonce le clou : 75 % des Français estiment que le niveau d’imposition est trop élevé, 63 % qu’ils paient trop d’impôts à titre personnel et 67 % que l’argent public est mal utilisé. “Ce niveau de rejet du système sociofiscal doit faire réfléchir les décideurs politiques”, s’inquiétait récemment auprès de L’Express Pierre Boyer, professeur à Polytechnique et auteur de Peut-on être heureux de payer des impôts ? (PUF). En 2018, la hausse d’une taxe sur les carburants avait entraîné les premiers blocages de ronds-points par les gilets jaunes. Sept ans après, dans un contexte exacerbé de ras-le-bol fiscal, la moindre étincelle échappée d’un budget bricolé à la hâte pourrait raviver les braises.Consentement à l’impôt… ou à l’effort ?Les optimistes se rassurent en brandissant le civisme des Français : 79 % des personnes interrogées par le CPO voient dans le paiement des impôts et des cotisations sociales un acte citoyen. “Le consentement à l’impôt n’est pas abîmé, analyse Adrien Broche, responsable des études politiques à l’institut Viavoice. C’est le consentement à l’effort qui s’érode de plus en plus. Une majorité de Français considèrent que leurs gouvernants sont les premiers responsables de la dégradation des comptes de l’Etat et qu’à ce titre, ils n’ont pas à payer les pots cassés par un alourdissement de la fiscalité.” Une crise de confiance qui s’accentue à chaque nouveau déficit, dans un redoutable effet boule de neige.
Source link : https://www.lexpress.fr/economie/politique-economique/le-ras-le-bol-fiscal-cette-menace-qui-plane-sur-leconomie-francaise-IQOEMY7NWNHJHMXR7TRGP5FMRM/
Author : Arnaud Bouillin
Publish date : 2025-01-03 07:00:00
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.