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L’Express

Mayotte : pourquoi le recensement des victimes est si complexe

Des habitants assis au milieu de tas de débris de tôles et de bois après la destruction de leurs maisons par le cyclone Chido qui a frappé Mayotte, le 15 décembre 2024




Des habitations réduites à néant, des arbres déracinés, des routes impraticables, un paysage apocalyptique. Après le passage du cyclone Chido à Mayotte, l’heure est à l’évaluation des dégâts. Les rafales de 220 km/h qui ont ravagé l’archipel de l’océan Indien dans la nuit de vendredi 13 à samedi 14 décembre, n’ont rien épargné. Trois jours après la catastrophe, Mayotte est engagée dans une course contre la montre humanitaire, dans l’espoir de retrouver des survivants.Si à l’heure actuelle le bilan provisoire compte 22 morts et plus de 1 400 blessés, le préfet François-Xavier Bieuville est formel : ce constat est bien en deçà de la réalité. “Je pense qu’il y aura certainement plusieurs centaines [de victimes], peut-être approcherons-nous le millier, voire quelques milliers, a-t-il affirmé dimanche soir sur la chaîne Mayotte la 1ère. Mais pour connaître le véritable bilan, il faudra être patient. D’après le président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) Jean-Paul Bosland, “la reconnaissance prend du temps. “On découvre les victimes progressivement”, a-t-il soutenu sur LCI. Pourquoi le bilan est-il si difficile à établir ? L’Express explique les raisons de ce long recensement.Une communication entravéeLe premier obstacle à l’établissement du bilan est d’ordre logistique. Après le passage de Chido, les routes de Mayotte étaient impraticables, encombrées par les arbres arrachés et les débris d’habitations. L’archipel possédant une superficie totale de 375 km2, le personnel médical s’est trouvé dans l’incapacité d’accéder aux endroits les plus reculés. Et ce jusqu’à aujourd’hui. Ce mardi 17 décembre, grâce aux opérations de déblaiement, 70 à 75 % du réseau départemental et national ont réussi à être dégagés, selon les autorités.D’après cette même source, le réseau de téléphonie mobile demeure, lui, toujours indisponible à 80 %, et le système de soin affaibli. “[Il est] très dégradé avec un hôpital qui a été très endommagé et des centres médicaux également inopérants”, avait déclaré lundi la ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq. Sachant que le bilan officiel fait uniquement état des personnes prises en charge au Centre hospitalier de Mayotte, celui-ci a de quoi être biaisé.Plus de 100 000 migrants sans-papiersD’autant plus que l’ensemble des victimes ne sera probablement pas déclaré. Selon le Conseil français du culte musulman, 95 % de la population mahoraise est de confession musulmane. Et comme le souhaite l’un des rites de ces croyants, l’enterrement des défunts doit être effectué dans les vingt-quatre heures suivant le décès, soit avant qu’ils ne puissent être recensés. Des victimes ont donc certainement été enterrées avant que les autorités n’aient connaissance de leur décès.Des raisons sanitaires peuvent également être invoquées. En raison de la chaleur de l’archipel, les corps entrent plus rapidement en état de décomposition, nécessitant une mise en terre soudaine.A cela s’ajoutent les nombreuses familles non recensées. D’après une source proche des autorités interrogée par l’AFP, Mayotte compte “100 000 à 200 000 personnes de plus” que ses 320 000 habitants, “du fait de l’immigration illégale”. “Ces gens-là sont restés jusqu’à la dernière minute. Quand ils ont vu l’intensité du phénomène, ils ont commencé à paniquer, à chercher où se réfugier. Mais c’était déjà trop tard, les tôles commençaient à s’envoler”, raconte à l’agence de presse Ousseni Balahachi, un infirmier à la retraite.Avant l’arrivée du cyclone, les habitants vivant dans les bidonvilles avaient été appelés à se mettre à l’abri dans l’un des 71 centres d’hébergement d’urgence. En vain. De nombreux migrants ont préféré rester discrets “en pensant que c’était un piège qu’on leur tendait […] pour les ramasser et les conduire hors des frontières”, continue Ousseni Balahachi. Les autorités estiment ainsi que les débris des bidonvilles camouflent le corps de nombreuses victimes. Pour accélérer les recherches, plus de 1 600 membres des forces de l’ordre ont été envoyés.



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Author : Aurore Maubian

Publish date : 2024-12-17 17:28:25

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