Après la censure du gouvernement de Michel Barnier, Emmanuel Macron avait donné le sentiment de vouloir aller très vite. Exit les consultations de toutes les forces politiques, les mêmes qui s’étaient multipliées avant la nomination de l’ancien négociateur du Brexit en septembre dernier : le choix du nouveau Premier ministre devait être rapide. Le chef de l’État, finalement, semble de nouveau confronté à la difficulté de trouver ce fameux profil pouvant incarner ce “gouvernement d’intérêt général”, tel qu’il l’a appelé ce jeudi lors de son allocution. Il a donc relancé dans une nouvelle salve de discussions pour tenter d’esquisser les contours d’une hypothétique coalition élargie autour du futur Premier ministre, en ayant déjà reçu à l’Elysée les leaders du Parti socialiste, du bloc central et des Républicains.Une chose est sûre : les lignes bougent deux jours après la démission de Michel Barnier. En particulier à gauche, où le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, s’est dit prêt à discuter du “gouvernement d’intérêt général” souhaité par le chef de l’Etat, mais sur la base “de concessions réciproques”. Un signe d’ouverture avant un rendez-vous au palais présidentiel, vendredi, où Emmanuel Macron a d’abord rencontré en début de journée les dirigeants de son propre camp (Renaissance, MoDem, Horizons, Radicaux, UDI), avant d’accueillir à midi Olivier Faure et les chefs des groupes socialistes à l’Assemblée et au Sénat, Boris Vallaud et Patrick Kanner.”Le président n’a posé aucun préalable sur aucun sujet”, a affirmé le numéro un du PS, qui a réclamé “un Premier ministre de gauche” et fait savoir que ses troupes ne participeraient “en aucun cas à un gouvernement dirigé par un Premier ministre de droite”. Les socialistes ont même obtenu un geste d’ouverture du chef de l’Etat : il a promis de s’entretenir avec leurs alliés écologistes, communistes et Insoumis, “probablement lundi” selon l’entourage du président.LFI accuse le PS d’avoir “tué le NFP”Si les communistes, par l’intermédiaire de Fabien Roussel, ont confirmé qu’ils se rendront bien au rendez-vous, et que les Ecologistes doivent répondre ce samedi, La France insoumise a sans surprise prévenu qu’elle ne se rendrait pas à l’Elysée. “Nous sommes prêts à gouverner sur le programme pour lequel nous avons été élus”, écrit le coordinateur national de LFI Manuel Bompard dans un communiqué, ajoutant qu'”aucune discussion autre que la nomination d’un gouvernement du Nouveau Front Populaire ne saurait avoir lieu avec le chef de l’État”.Un choix qui confirme un profond désaccord entre Insoumis et socialistes quant à la stratégie à adopter face à la situation politique actuelle. Les premiers accusent notamment les seconds d’avoir “tué le NFP”, et Jean-Luc Mélenchon a notamment souligné vendredi que LFI n’avait “donné aucun mandat” au patron du PS “pour négocier un accord”.Des divergences chez LRCette idée d’une grande coalition en braque également certains à droite. Comme le ministre démissionnaire de l’Intérieur, Bruno Retailleau, pour qui sa famille politique “ne pourra faire aucun compromis avec la gauche […] qui a voté une motion de censure irresponsable”.Reçue dans la soirée ce vendredi à l’Elysée, une délégation des Républicains a tenu un discours plus mesuré. “Nous ne céderons pas à la facilité de la censure, sauf dans une seule hypothèse qui serait celle d’un gouvernement mettant en œuvre le programme du Nouveau Front populaire ou comportant des députés de la France Insoumise”, a expliqué le chef des députés Les Républicains, Laurent Wauquiez. Sans s’engager, néanmoins, sur une éventuelle participation au futur gouvernement, une décision qui dépendra du “contrat de gouvernement” proposé.En quête d’un “arc de gouvernement”, le chef de l’Etat a promis jeudi soir la nomination d’un nouveau Premier ministre “dans les prochains jours”. Cette annonce ne devrait toutefois pas intervenir avant lundi, selon plusieurs participants à la réunion matinale avec le bloc central. Entre-temps, Emmanuel Macron doit s’offrir une parenthèse avec la réouverture en grande pompe de Notre-Dame, une journée chargée pour le chef de l’Etat qui recevra à l’Elysée le président élu américain Donald Trump puis son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.L’option François BayrouQuel qu’il soit, le nouveau Premier ministre aura comme priorité le budget, dont les discussions au Parlement ont été interrompues par la motion de censure. En attendant de reprendre les débats sur ce budget l’année prochaine, une loi spéciale sera déposée “avant la mi-décembre au Parlement” afin que l’Etat puisse continuer à être financé. “On n’est pas très loin d’une crise de régime”, a alerté l’ex-Premier ministre Édouard Philippe, qui prône lui aussi “un accord qui va de LR jusqu’aux sociaux-démocrates”.Qui pour porter ce chantier ? François Bayrou et Bernard Cazeneuve, dont les noms reviennent, ont occupé l’espace médiatique ce vendredi. Le second a notamment reconnu que François Bayrou “ferait un bon Premier ministre”. Les noms du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, de Xavier Bertrand, ou du maire de Troyes, François Baroin, circulent également.Le lauréat devra non seulement constituer une équipe qu’Emmanuel Macron souhaite “resserrée”, mais également composer avec un Rassemblement national qui vient de faire tomber Michel Barnier… Et s’est dit prêt à répéter la manœuvre s’il n’était pas entendu. “Que personne ne pense que j’aurais dorénavant les mains liées. Je peux tout à fait voter à nouveau une motion de censure”, a martelé Marine Le Pen auprès du Figaro.
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Publish date : 2024-12-07 11:00:52
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