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L’Express

Présidentielle américaine : “Trump part en guerre contre le Labour britannique”

Donald Trump en meeting électoral à Prescott Valley, en Arizona, le 13 octobre 2024




La liste de ses opposants s’allonge à mesure que les élections approchent. Cette semaine, le candidat à la présidentielle américaine Donald Trump, est même allé jusqu’à semer la discorde outre-Atlantique. D’après le milliardaire, le Parti travailliste britannique (Labour) est coupable “d’une longue série d’ingérences électorales anti-américaines”. Une accusation qui n’a pas manqué de faire réagir la presse des pays concernés.Le 16 octobre dernier, la responsable des opérations du Parti travailliste Sofia Patel, a attisé la colère du milliardaire en faisant ce que l’hebdomadaire conservateur britannique The Spectator a qualifié d'”irresponsable et alarmant” : publier un post sur le réseau social LinkedIn, invitant les militants du parti à faire campagne pour Kamala Harris. “J’ai près de 100 membres du personnel du Parti travailliste qui se rendront aux Etats-Unis dans les prochaines semaines, en Caroline du Nord, au Nevada, en Pennsylvanie et en Virginie. J’ai 10 places disponibles pour toutes personnes souhaitant se rendre dans l’Etat-clé de la Caroline du Nord – nous nous occuperons de votre logement”, a-t-elle écrit sur son compte supprimé depuis. Une suppression qui, selon le journal américain le New York Post, “ne remédie pas à l’acte répréhensible”, ajoutant que si les “travaillistes s’efforcent prétendument de tuer twitter […], ils ont des projets similaires pour les espoirs de Trump à la Maison-Blanche”.Une plainte “exceptionnelle”Pour le camp républicain, ce message a donné le coup de grâce, provoquant le dépôt d’une plainte “extraordinaire” auprès de la Commission électorale fédérale, selon le quotidien britannique The Guardian. Dans une lettre accompagnant la plainte, l’entourage de Donald Trump “demande une enquête immédiate sur l’ingérence étrangère flagrante dans l’élection sous la forme de contributions étrangères illégales apparentes faites par le Parti travailliste du Royaume-Uni, et acceptées par le comité de campagne de Kamala Harris”, écrit le média.Mais d’après le quotidien généraliste britannique The Independent, “il n’existe aucune preuve que le parti travailliste ait apporté une quelconque contribution financière à la campagne démocrate”. De plus, “la Commission électorale fédérale […] stipule que les étrangers […] ne peuvent pas participer au processus de prise de décision, mais peuvent participer à des activités en tant que bénévoles”. Selon la loi fédérale, une personne peut payer ses propres frais de déplacements liés aux activités d’un candidat ou d’un parti et peut dépenser jusqu’à 1 000 dollars par candidat et par élection au cours d’une année civile. Mais pour The Spectator, le cas présent n’est pas du bénévolat mais “un commando organisé, envoyé par un parti politique au pouvoir, visant à influencer le résultat d’une élection présidentielle dans un pays étranger”.Au cours des derniers mois, le parti travailliste avait envoyé Morgan McSweeney, chef de cabinet du Premier ministre, et Matthew Doyle, directeur de communication du Downing Street, assister à la convention nationale du parti démocrate à Chicago et rencontrer l’équipe de campagne de Kamala Harris. “Deborah Mattinson, directrice de la stratégie de Keir Starmer s’était également rendue à Washington en septembre pour informer Kamala Harris de l’approche adoptée par le Parti travailliste pour gagner les élections”, révèle The Telegraph.”S’attirer les foudres de Trump”Des actions qui avaient déplu au candidat républicain. “Lorsque des représentants du gouvernement britannique ont précédemment cherché à faire du porte-à-porte en Amérique, cela ne s’est pas bien terminé pour eux”, a-t-il déclaré en faisant référence à la révolution américaine de 1776. La plainte déposée par le camp républicain était donc fortement prévisible, selon le magazine américain conservateur Washington Examiner, qui titrait le 17 octobre dernier : “Le Parti travailliste risque de s’attirer les foudres de Trump en lançant une campagne malencontreuse pour Harris”. Et c’est chose faite, puisque le 22 octobre, le New York Post évoquait le “départ en guerre de Trump contre le Labour party”.Et s’il y a bien une faculté que le milliardaire n’a pas, c’est de savoir “dissocier ses intérêts personnels de l’intérêt national”, regrette le Washington Examiner. Les relations britanno-américaines, pourtant “essentielles au bien-être économique et sécuritaire du Royaume-Uni” pourraient donc se voir dégradées. “Le gouvernement travailliste et le gouvernement de Keir Starmer ont déjà développé une terrible réputation de socialistes autoritaires parmi de nombreux Américains, et cela ne fera qu’améliorer cette image déjà impopulaire de ce côté de l’Atlantique”, témoigne The Telegraph.Un pari risquéS’il n’est pas commun de voir un parti étranger envoyer son équipe faire campagne pour un candidat à la présidentielle américaine, ce 16 octobre n’est pour autant pas un cas unique. “Lors des campagnes précédentes, des membres du Parti travailliste sont allés aider les démocrates aux Etats-Unis et les conservateurs ont soutenu les Républicains”, souligne The Independent. Un soutien d’autant plus attendu que les travaillistes et démocrates font tous deux partie de l’Alliance progressiste, un réseau de partis socio-démocrates et progressistes fondé en 2013 en Allemagne.En 2004, The Guardian avait demandé à ses lecteurs d’écrire aux électeurs de l’Ohio. L’objectif : les persuader de voter pour John Kerry, candidat démocrate à l’élection présidentielle de l’époque, face au républicain George W. Bush. Une initiative qui s’était finalement retournée contre le démocrate, engendrant un raz-de-marée d’Américains exigeant que les Britanniques ne s’immiscent dans l’élection. Pour le Washington Examiner, “cette dernière valse risque d’avoir le même effet”.



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Author : Aurore Maubian

Publish date : 2024-10-23 16:17:29

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