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Automobile : les raisons du déclin du marché français

PARIS, FRANCE -  OCTOBER 17: General view of the Mondial de l'Automobile (Paris Motor Show) at the Porte de Versailles Exhibition Center in Paris, France on October 17, 2022. Mustafa Yalcin / Anadolu Agency (Photo by MUSTAFA YALCIN / ANADOLU AGENCY / Anadolu via AFP)




Avec un marché en berne, après une année 2023 exceptionnelle, le secteur automobile s’installe Porte de Versailles à Paris (du 15 au 20 octobre). Dans ce contexte morose, les constructeurs doivent relever de nombreux défis : lancer de nouveaux modèles, faire face à l’implantation des concurrents étrangers en France, répondre au succès des véhicules électriques qui ne se dément pas, surtout au sein des flottes automobiles, inventer des transports alternatifs avec la multiplication incontestable des voitures sans permis pour le marché des particuliers ou encore d’adapter à l’explosion des enseignes en faveur du vélotaf. Les professionnels de l’automobile doivent s’adapter à de nouveaux modes de mobilité.La rentrée avait un goût d’amertume pour les concessionnaires. Le mois d’août a enregistré un recul des ventes de 24 % par rapport à celui de l’an dernier. “L’été 2023 avait été exceptionnel grâce au rattrapage des livraisons qui n’avaient pas pu être effectuées en 2021 et 2022 à la suite de la pénurie de semi-conducteurs. Le jeu des vases communicants a joué à plein”, précise Marie-Laure Nivot, directrice d’analyses du marché automobile chez AAA Data.Après l’euphorie du début d’année, due aux commandes passées avant que le bonus écologique ne soit supprimé sur certains modèles et au dopage du leasing social, les immatriculations se sont étiolées au fil des mois pour atteindre un repli de 0,5 %. “Nous restons dans une période perturbée. Les prix ont continué à augmenter, notamment sous la pression de la réglementation imposant l’équipement d’aides à la conduite pour la sécurité”, estime Marie-Laure Nivot. Résultat : les achats des ménages ont reculé de 22 %.L’attentisme est de mise”Le rapport à la voiture a changé. Si elle conserve une notion de plaisir, elle devient surtout utilitaire pour transporter les enfants ou aller au travail. Surtout elle a perdu son aspect statutaire”, constate Flavien Neuvy, économiste et directeur de l’Observatoire Cetelem.Le débouché des flottes d’entreprise s’est tari, également, avec un recul de 22,53 % au mois d’août et de 0,8 % en cumul. “Par rapport à la même période en 2019, dernière année avant la série de crises ayant affecté l’économie, le bilan 2024 se creuse : le retard atteint désormais 62 077 immatriculations en entreprise”, note l’Observatoire de la mobilité d’Arval. Sans surprise, l’attentisme a été de mise. “Un contexte macroéconomique peu dynamique, une croissance molle et le manque de visibilité ont alimenté les incertitudes”, résume Flavien Neuvy. “Les décisionnaires ont été perturbés par une loi de finances publiée tardivement, le 14 février 2024. Les conditions financières moins bonnes qu’avant Covid les ont conduits à décaler leur renouvellement. Enfin, la zone d’incertitude politique a freiné les choix d’investissement qui portent sur plusieurs années”, renchérit Lionel French Keogh, président de Hyundai France. Petite consolation : une poussée de 8 % des utilitaires légers sur huit mois.La plus grande déception provient de l’électrique. Sa part stagne à 10,87 % dans les parcs des sociétés, contre 29,75 % pour les hybrides, 36,69 % pour le diesel et 21,7 % pour l’essence. Les ménages en restent les principaux acquéreurs, à 65 %. Toutefois, cette motorisation stagne à 13 % de leurs achats au premier semestre, alors que le secrétariat général à la planification écologique ambitionnait qu’elle concernerait 1 vente sur 5. En cause, les tarifs qui demeurent de 20 à 30 % supérieurs à ceux des versions thermiques. “Quand on vous fait une promesse, celle d’une voiture plus chère à l’acquisition mais gagnante à l’usage, et que les factures de l’électricité flambent, le message ressort particulièrement brouillé”, fustige Flavien Neuvy.En outre, les infrastructures de recharge ne se développent pas en assez grand nombre, notamment en ville. La question se pose quand le conducteur vit en appartement, sans parking dédié et qu’il ne dispose pas de prise à proximité. “Les précurseurs disposaient d’un garage ou d’une place devant chez eux pour installer une borne. Il faut imposer l’équipement des copropriétés et des logements sociaux. La moitié des chauffeurs Uber vivent, par exemple, dans des HLM”, assure Flavien Neuvy.Une certaine défiance vis-à-vis de la “watture”Enfin, les Français se montrent toujours sceptiques quant à l’autonomie et se rabattent sur les hybrides quand ils veulent un modèle plus vertueux pour le climat. “Les clients sont perdus et ne savent plus quelle motorisation choisir, reconnaît Richard Tougeron, directeur général de Nissan France. La solution e-power totalise 90 % de nos ventes car elle rassure. Elle équipe nos modèles électriques sans souci de la recharge car un moteur essence agit comme un générateur pour les batteries. Elle ne nécessite pas de branchement et permet de rouler 1 000 kilomètres sans souci.”La défiance persistante pour la “watture” a douché l’enthousiasme des constructeurs. Mercedes, Porsche, Audi, Volkswagen ont été les premiers à lever le pied, suivi par Volvo qui en avait fait son credo. “La décision française d’instaurer l’éco-score pour privilégier la production européenne a affecté les constructeurs qui fabriquent leurs véhicules en Chine”, rappelle Lionel French Keogh, rassuré par la localisation d’une usine Hyundai en République tchèque. Les Dacia Spring, Volvo, Smart et Tesla ont ainsi perdu jusqu’à 4 000 euros de bonus.La production européenne des voitures électriques se révèle en deçà de 40 % à 45 % des volumes prévus. Avec des répercussions sur les équipementiers dont les usines tournent elles aussi au ralenti. Les projets de méga usines se mettent en pause. Le consortium entre Stellantis, Mercedes et TotalEnergies a suspendu ses projets en Italie à Termoli et en Allemagne à Kaiserslautern. Le suédois Northvolt cale également dans son expansion.Retarder la fin des ventes des voitures thermiques ?Le ministre italien de l’Industrie, comme le patron de Renault Luca de Meo et certains constructeurs allemands, demandent à avancer la clause de revoyure fixée à 2026 par le plan européen qui met fin aux ventes de véhicules thermiques en 2035. Ils réclament aussi un élargissement à d’autres technologies tels que les carburants neutres en CO2. “Les travaux sont en cours chez les groupes pétroliers”, assure Guillaume Maureau, directeur général adjoint du commerce chez Ayvens.Plus urgent, “la réglementation Cafe (Corporate Average Fuel Economy) va se renforcer en janvier 2025, abaissant le seuil d’émissions de CO2 pour l’ensemble des véhicules vendus par les constructeurs à 81 grammes par kilomètre au lieu de 95. Cette évolution pourrait s’avérer problématique pour les constructeurs si la demande ne suit pas”, prévient Marie-Laure Nivot. Dès septembre, l’association des constructeurs européens a remis une note blanche à la Commission européenne pour reporter de deux ans cette norme. Mais les divergences entre les groupes automobiles ont vite surgi, Stellantis se montrant le plus virulent contre tout changement des règles.”La transformation est lancée, tempère Philippe Robbrecht, PDG de JLR France. Je reste très optimiste sur l’évolution des technologies. Nous lancerons six modèles totalement électriques entre 2025 et 2030.” Le groupe a repositionné ses quatre marques (Jaguar, Defender, Discovery et Land Rover) sur le segment du super-luxe.En pleine mutation, le monde de l’automobile tente d’accélérer sa mutation et promet une foison de nouveautés pour séduire les consommateurs. Une espérance sans illusion.



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Publish date : 2024-10-11 09:00:00

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