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L’Express

Fonction publique : la fin de l’Etat obèse ? Par Eric Chol

Le député Laurent Saint-Martin, le 12 octobre 2020 à l'Assemblée nationale à Paris




Il y a surpoids et obésité. Quand votre médecin vous indique que votre poids de forme se situe autour de 60 kilos et que vous vous évertuez à dépasser les 110 kilos, vous frôlez certainement l’obésité sévère : il est urgent d’agir. Notre Etat, aussi dispendieux qu’adipeux, entre cette semaine en salle de consultation à l’Assemblée nationale, avec une dette dépassant les 110 %. Il n’y a pas 36 remèdes pour le faire maigrir : les docteurs budgétaires, du moins les sérieux, le savent. L’heure est à la diète, après des décennies d’excès.Le Pr Laurent Saint-Martin, chargé de présenter aux parlementaires le breuvage amer qui sera administré au pays, en est bien conscient : l’aiguille sur la balance ne bougera pas tant que les dépenses publiques ne fléchiront pas. Au mieux, les quelque 20 milliards d’euros d’impôts envisagés apporteront un peu de “fraîche” à notre Etat glouton, mais c’est bien cet appétit insatiable qu’il faut calmer.Un actif sur cinq travaille pour la fonction publiqueMoins d’Etat, moins d’argent public, moins de fonctionnaires. Avec 5,7 millions d’agents publics, la France se situe ainsi juste derrière les Etats scandinaves dans le classement de l’OCDE : plus de 1 actif sur 5 travaille aujourd’hui pour la fonction publique en France, avec des rémunérations s’élevant à 12,4 % du PIB. Est-ce raisonnable ? Non, pas d’un point de vue financier. Est-ce utile ? Non, vu le faible niveau de confiance des Français dans leurs services publics. Est-ce réversible ? Oui, à voir les exemples du Canada ou du Portugal. Deux pays qui, en proie à de graves crises de leurs finances publiques, ont adopté des mesures drastiques dans les années 1990 pour le premier et dans les années 2010 pour le deuxième. Coupes dans les effectifs, départs anticipés, non-remplacements des départs en retraites, augmentation du temps de travail… L’éventail des mesures a permis d’obtenir des résultats rapides : réduction de 5 % de la fonction publique fédérale au Canada en quatre ans, rétablissement des comptes publics au Portugal, avec un taux d’endettement revenu de 130 % à moins de 100 % en dix ans.La France, qui a embauché 178 000 agents publics au cours du premier mandat d’Emmanuel Macron – le candidat s’était engagé à supprimer 120 000 postes – est-elle capable d’une telle cure d’amaigrissement ? Sans doute, à condition de l’inscrire dans un cadre. Avant de sortir les ciseaux, le gouvernement canadien de Jean Chrétien avait passé en revue les programmes publics, en posant plusieurs questions : est-ce qu’un autre acteur que le secteur public peut faire mieux ? A-t-on les moyens de continuer ainsi ? Ces programmes publics sont-ils toujours pertinents ? “Cette réforme a été un succès car elle était balisée, l’opinion publique était prête, et le chef du gouvernement Jean Chrétien, ancien ministre des Finances, savait comment faire”, rapporte Geneviève Tellier, professeur à l’Ecole d’études politiques de l’université d’Ottawa. Pas sûr que la France remplisse toutes ces conditions, mais l’heure du régime pour l’Etat obèse semble bien avoir sonné.



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Author : Eric Chol

Publish date : 2024-10-09 09:30:00

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