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L’Express

Législatives : au RN et au NFP, l’envie de se payer la “start-up nation”

Emmanuel Macron, lors d'un évènement dédié à la French Tech, au palais de l'Elysée, en février 2023.




Le sujet a été quasi absent des débats des législatives. Un tour des programmes permet de constater le peu de place offert à la technologie et à l’innovation, en particulier de la part des deux blocs arrivés en tête au premier tour, le Rassemblement national (RN) et le Nouveau Front populaire (NFP). La “start-up nation” soutenue sous Emmanuel Macron par de nombreuses mesures économiques a tout de même compris que son avenir s’assombrissait. Le lobby France Digitale s’est ému des discours anti-immigration du RN, risquant de tuer toute attractivité de talents étrangers pourtant indispensables à l’innovation en France. D’autres ont déploré la fiscalité souhaitée par le NFP, pouvant à terme faire fuir les investisseurs, si précieux pour les start-up afin de changer d’échelle.Outre les conséquences indirectes de leurs politiques, il existe, au RN comme au sein du NFP, une franche volonté de renverser ce marqueur “macronien” par excellence qu’est la “start-up nation”. Changer son logiciel. “Quand on voit de l’argent investi dans des places de marché en ligne qui vendent des macramés écoresponsables…”, a récemment raillé le député RN Aurélien Lopez Liguori, sur les ondes de Sud Radio, s’en prenant (avec une nette dose d’exagération) à la futilité de certaines entreprises de la tech française, et à leur faible rentabilité. Une critique qui n’est pas neuve. Tout comme le vœu, partagé à gauche comme à l’extrême droite, de remettre au cœur de la stratégie l’industrie. La “French Tech” est traditionnellement plutôt software que hardware.Thomas Fauré, fondateur de Whaller, proche des milieux conservateurs, déplore quant à lui l’approche purement “financière” de la “start-up nation”, calquée “sur un modèle américain d’hyper valorisation”. Or, celle-ci a des limites. Quand elles ne trouvent plus de fonds, “nos pépites finissent par s’en aller”, explique-t-il à L’Express. “Si c’est pour soutenir des start-up rachetées après coup par des Américains, quel est le sens ?”, abonde, à l’opposé de l’échiquier politique, le sénateur PS Rémi Cardon.Ces constats sont d’une part discutables. Et surtout, les solutions que ces partis proposent dans ce domaine ont un goût de déjà-vu. Booster “la commande publique”, comme l’exhortent Aurélien Lopez Liguori ou encore Thomas Fauré ? C’est déjà le cas, à travers de multiples initiatives européennes et françaises, telles que “Je choisis la French Tech” lancée en 2023. La question mérite d’ailleurs pas mal de doigté. Développer plus de “fonds souverains” ? L’Europe planche également sur le sujet. Flécher les investissements vers des secteurs stratégiques, tantôt plus industriels ? C’est l’actuelle mission du plan France 2030. Tout miser sur la révolution de l’intelligence artificielle ? La France dispose d’une des pépites les plus convoitées au monde, Mistral, valorisée à environ 6 milliards d’euros en un temps record, jamais vu en sept ans de “start-up nation”. Attention, donc, à ne pas enterrer cette dernière trop vite. Elle ne fait, sans doute, que porter ses premiers fruits.



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Author : Maxime Recoquillé

Publish date : 2024-07-05 19:30:00

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